"Notre jeunesse est mal élevée. Elle n'a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants d'aujourd'hui ne se lèvent plus quand un homme âgé entre dans une pièce. Ils répondent à leurs parents et bavardent au lieu de travailler".
Cette citation n'est pas très récente, puisqu'elle est de Socrate (4e siècle avant JC). Il faut croire que le problèmes intergénérationnels ne datent pas d'hier. Si vous visitez le Musée de l’Éducation à Rouen, vous constaterez que l'indiscipline des petites canailles de l'Ancien Régime n'avait rien à envier à celle, notoire, de nos chers bambins. On s'étonne aujourd'hui que Clémentine, 20 mois, soit capable de synchroniser un smartphone et un iPad, mais que dire de l'ingéniosité de Lebrac quand il s'agissait de réparer les outrages de la Guerre des boutons?
Pourtant, selon les CMO, l'aspect démographique est l'un des quatre grands enjeux du marketing de demain. On voit bien que le profil des jeunes recrues est très différent de ce qu'on a connu jusqu'à présent. On parle de strates de génération et on les nomme X, Y, Z, et demain alpha, bêta et gamma, comme dans Le meilleur des mondes.
De fait, une génération se construit autour d'une série d'évènement structurants - de ceux qui forgent la société.Ainsi:
- Si vous avez entre 65 et 85 ans, vous appartenez la génération 'coco' (collectifs concrets). Votre jeunesse a été imprégnée par la Grande Dépression, la deuxième guerre mondiale et les trente glorieuses. Vous privilégiez la thésaurisation et la qualité, et vous souhaitez avant tout laisser un héritage.
- Entre 40 et 65 ans, vous êtes de la génération des boomers, mais aussi des 'bobo' (bourgeois bohèmes). Votre classe d'effectifs est marquée par mai 68, le choc pétrolier de 73 et les années grises et de crise. Vous êtes empreints de culture politique et idéologique.
- Entre 30 et 40 ans, vous êtes de la génération X, aussi dite 'momo' (mobiles moraux) parce que baignée de conflits avec vos parents sur la responsabilité et les valeurs.
- Les Y, ou 'yoyo', ont moins de 30 ans. Ils évoluent dans un contexte économique difficile, dans un contexte social très ouvert (très international, aussi) et un contexte moral incertain. Ce sont surtout les enfants du web. De fait, ils remettent en cause l'autorité humaine, la technique leur paraissant souvent plus pertinente; ils apprennent par eux-mêmes, via les ressources multimédia; et l'information doit être ludique et accessible, faute de quoi ils la rejettent.
Dans 4 ans, la génération Y représentera 40% de la population active française. Or, l'écart intergénérationnel ne doit pas être sous-estimé. A en croire l'Observatoire Social de l'Entreprise (Ipsos/Logica, réalisé pour le CESI en partenariat avec Le Figaro et BFM), si les chefs d'entreprise ont une image positive des jeunes embauchés, il n'en va pas de même pour les salariés. 55% d'entre eux jugent leurs cadets trop ambitieux, et 58% les trouvent plus individualistes que la moyenne. On parle d'ailleurs d'une génération à 4 i: individualistes, interconnectés, impatients et imaginatifs.
C'est pourquoi les professionnels des RH se penchent de plus en plus sur la mixité des générations. Dans son approche Youmain, par exemple, Isabel Bornet propose d'inscrire le dialogue intergénérationnel dans une méthodologie structurée. S'appuyant sur les différences, elle travaille à réduire les dysfonctionnements liés aux incompréhensions, à améliorer la perception de l'entreprise sur les besoins et comportements de celles et ceux qui constitueront l'essentiel de son marché de demain, et bien sûr à cimenter les relations transversales. Une approche collaborative dans laquelle chaque génération se rencontre, fait ensemble et surtout transmet. Bref, respecter chaque génération devient un impératif pour être plus performant et réduire la discrimination face à l’emploi. Un travail de longue haleine, sans doute... Car, comme disait Picasso, 'On met longtemps à devenir jeune'.
Sources :
- www.integra-rh.com, qui a publié un intéressant document sur le management des jeunes
- l'excellent article de Carole Menguy Houel et Jean-Bernard Girault dans Les Echos
- les articles de Raymond Morin sur Locita
Philippe Guihéneuc
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